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Mas numérique, la synergie du numérique pour la viticulture


Installé au Domaine du Chapitre de Montpellier SupAgro et situé à Villeneuve-lès-Maguelone, entre mer et garrigues héraultaises, le Mas Numérique cultive sur ses terres 35 ha de vignes, 5 ha d’oliviers et 60 ha en blé dur, pois chiche et colza. Intégré depuis 2017 à une réelle exploitation viticole en production et visant à démontrer l’apport bénéfique des technologies numériques pour la viticulture, le Mas Numérique est aujourd’hui le premier domaine de France intégralement connecté !

A l’occasion de la journée agro-équipement au Lycée Agricole de Gignac (Hérault), Thomas CRESTEY, responsable du Mas numérique a témoigné sur l’usage des nouvelles technologies au sein de l’exploitation viticole. Quelles sont les solutions déployées ? Est-ce que le numérique est porteur de bonnes pratiques, de nouveaux usages pour la profession ?

Qu’est-ce que le Mas numérique ?

Porté par l’Institut National d’Etudes Supérieures agronomiques Montpellier SupAgro, le projet du Mas numérique profite du soutien de 4 entreprises mécènes (SMAG, Vivelys, ITK et Pellenc) ainsi que de 11 entreprises partenaires.

Lire notre article « Relever les défis de la viticulture numérique : l’enjeu de SMAG et du Mas Numérique »

Cet écosystème met à la disposition du Domaine des solutions numériques déjà commercialisées pour être utilisées dans un cadre de recherche pour contextualiser les enseignements. « Nous nous considérons comme utilisateurs de ces solutions, déclare Thomas CRESTEY. Nous les manipulons au quotidien et analysons comment elles sont utilisées les unes avec les autres, en toute complémentarité, pour améliorer les pratiques culturales et process de production, de la gestion des parcelles de vignes en amont, jusqu’à la production du vin. »

Quelles typologies de solutions sont intégrées au projet du Mas numérique ?

Le numérique se manifeste sous toutes ses formes de connectivité et révèle tout son potentiel à chaque étapes de production ! Logiciels, OAD, station météo connectée, capteurs, pulvérisateur, etc… Pour une vision exhaustive du projet, nous vous conseillons d’aller faire un tour du côté du Domaine, la région y est très belle !

Les logiciels de gestion parcellaire

Logiciel agreo vigne et vinEn utilisant le module cartographique d’agreo Vigne & Vin, un logiciel de gestion parcellaire édité par SMAG, le Mas numérique a ainsi diminué de 10% l’apport d’intrants sur les parcelles de vignes.

« Initialement, pour prendre nos décisions, nous nous basions sur la totalité de notre surface cadastrale, soit 35 ha, déclare Thomas CRESTEY. Avec le module cartographique d’agreo, nous avons dessiné précisément nos parcelles au ras des souches. On s’est alors aperçu que le nombre exact d’hectares de vignes plantées était de 31,4, soit 10% de moins que la surface initiale. Un écart de 4 ha n’est cependant pas à négliger dans la gestion des interventions sur parcelles !« .

Autre exemple concret : l’utilisation d’un OAD développé par Bayer qui permet de détecter en fonction de l’historique climatique, le potentiel de contamination oïdium / mildiou dès les premières pluies. Un outil qui démontre toute son utilité pour planifier les premières interventions de traitement, décaler ou annuler un traitement et ainsi suivre l’évolution des maladies. Ce modèle est « très utile les années à faible pression pour affiner les prises de décision sur les renouvellements de traitement  » déclare Thomas Crestey.

Les objets connectés, IoT

objets connectés mas numériqueAutre exemple de solution utilisée au Mas pour mesurer la pulvérisation. « Ce qui est intéressant avec le pulvérisateur connecté, explique Thomas CRESTEY, c’est qu’il s’installe sur des machines existantes. Nous n’avons donc pas besoin de changer le matériel. C’est un réel avantage car le remplacement d’une machine coûte très cher !« . Le fonctionnement est simple : deux débitmètres sont disposés de chaque côté du pulvérisateur et un capteur de pression en bout de circuit. Lors de l’intervention, le tractoriste reçoit sur son smartphone les informations pour contrôler la pression et le débit des pulvérisations. Il peut aussi contrôler sa vitesse à 0,1 km/h près grâce à une antenne GPS. Une technologie unique en viticulture pour appliquer la bonne dose au bon endroit au bon moment !

objets connectés mas numérique 2Pour faciliter la traçabilité réglementaire : un autre boitier intègre un lecteur de code barre qui permet de flasher les intrants utilisés à chaque intervention. Equipé d’un récepteur GPS il associe ensuite ces informations aux parcelles parcourues. L’objectif à court terme est de les envoyer directement vers le logiciel de gestion parcellaire : parcelle traitée et culture associée, date d’intervention et intrant utilisé, tout y serait automatiquement enregistré sans aucune saisie. Un gain de temps indéniable et une traçabilité réglementaire assurée !

La viticulture de précision

Le Mas numérique a réalisé une analyse de sol ainsi qu’une cartographie de leur résistivité électrique qui permet de mesurer leur variation du sol à l’échelle intra-parcellaire. Ces prestations de service ont permis d’avoir une vision plus précise de l’hétérogénéité des parcelles observées et ainsi de positionner les prélèvements de sol de manière objective aux endroits les plus représentatifs. « Nous avons ainsi identifié des variations de 15% de texture sur une même zone qui présente certains échantillons argileux et d’autre beaucoup plus sableux, explique Thomas CRESTEY. Nous avons également réalisé un bilan hydrique qui nous a livré des informations très intéressantes. Nous pouvons sélectionner les parcelles de blanc à vendanger en priorité entre toutes celles qui présentent un stress hydrique le plus avancé. »

Autre prestation réalisée pour suivre plus finement la maturité et les fertilisations foliaires : l’imagerie satellitaire. « Nous avons la capacité sur le domaine de gérer entre 15 et 20 échantillonnages de maturité par semaine, explique Thomas CRESTEY. L’enjeu est alors de savoir où prélever en choisissant les endroits les plus représentatifs du vignoble. L’imagerie satellite permet, au travers de cartes de végétation, de mieux situer les points d’échantillonnage de maturité ».

Quels ont été les impacts du numérique sur l’activité du Domaine après deux années d’expérimentation ?

Prévision de vendange plus objective, meilleur contrôle des pressurages, des fermentations, de la traçabilité… Il est incontestable que le numérique insuffle technicité et précision dans nos pratiques et décisions au quotidien !
« Tous ces outils nous apportent véritablement gain de temps et confort de travail, ajoute Thomas CRESTEY. La viticulture est lourde de contraintes réglementaires. L’impact économique du numérique se chiffre surtout en temps de travail qui est largement diminué pour certaines tâches, notamment de saisie. »

Toutefois, pour être connecté, encore faut-il s’équiper et se former ! Internet, ordinateur, tablette, support smartphone dans le tracteur, etc. Si les équipements tendent à se multiplier dans les exploitations viticoles, il reste encore quelques disparités en ce qui concerne l’accès au réseau dans certaines régions (zones blanches). Sans compter également la formation des équipes à l’utilisation de ces nouvelles technologies ! Un accompagnement qui doit se faire dans les lancements de campagne, pour palier à la « rupture d’habitude » (saisonnalité des usages).

parcellaire Mas numérique viticultureUn point reste à aborder pour Thomas CRESTEY : le parcellaire qui reste au cœur de tous les échanges de données entre logiciels, OAD et objets connectés. Sans une définition commune du parcellaire, les flux d’informations ne peuvent se faire. « En utilisant les solutions sur le Domaine, nous nous sommes rendu compte que la définition du parcellaire était un véritable enjeu. Si nous souhaitons que les échanges de données se fassent entre les solutions et qu’elles soient complémentaires, il faut que les outils parlent le même langage ».
Egalement, il est plus que nécessaire d’avoir un parcellaire avec des contours géographiques précis pour pouvoir utiliser les applications géolocalisées. Sans cela, pas de traçabilité zéro saisie !

« Le numérique est un investissement mais il est nécessaire, conclut Thomas CRESTEY. La géolocalisation permettra des échanges des données bien plus importants et facilité dans les 5 prochaines années !« .

Lire notre article « Vitinautes 2019 : les habitudes des viticulteurs sur internet »

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