Calculer le bilan de son exploitation agricole

Introduction
Plus que jamais les exploitations agricoles voient leur trésorerie impactée par la flambée des prix du carburant. En cause le conflit russo-ukrainien qui perturbe les marchés mondiaux des énergies comme les hydrocarbures. Passant de 0,90€/l l’an dernier à 1,80 €/l en mars dernier et se stabilisant aux alentours de 1,50€ le litre à mi-mai, le Gaz Non-Routier aussi appelé GNR n’a jamais été aussi cher. Ce prix d’achat TTC comprend la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) de 0,1882 euro par litre. Cependant une partie de cette taxe (0,0386 euro/l) est rétribuée sous forme de remboursement le premier mai de l’année suivante, mais avec les difficultés financières que rencontrent certaines exploitations agricoles ce remboursement est jugé insuffisant. Ainsi la tendance est à l’économie et à la surveillance de consommation de carburant, surveillance rendue possible grâce à des outils de calcul comme B-GNR et à quelques techniques quotidiennes qui permettent d’alléger ses frais.
B-GNR : l’outil de calcul en ligne du bilan carburant

Développé par la Chambre d’agriculture de la Manche en partenariat avec le SITIC (Systèmes d’information et technologies de l’information et communication de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie), l’outil B-GNR permet d’analyser le bilan carburant de l’exploitation. Particulièrement adapté aux exploitations d’élevage, il permet de déceler des pistes prioritaires à travailler pour économiser du carburant dans les exploitations agricoles.
L’outil repose sur une vingtaine de critères étudiés comme les moyens de traction, le travail du sol, la conduite des prairies, le parcellaire… En apportant quelques données relatives à l’exploitation et en cochant les réponses les plus appropriées à sa situation la solution B-GNR est en mesure d’apporter un commentaire et une échelle graphique qui affiche le résultat du bilan carburant.
Un peu à l’image du diagnostic de performance énergétique en vigueur pour les habitations le bilan carburant s’illustre selon 7 niveaux de performance allant de la lettre A en vert foncé à la lettre G en rouge qui est le plus bas niveau de la classification. Les résultats fournis vont permettre à l’exploitant d’agir pour optimiser sa consommation.
Mettre en place des mesures pour améliorer son bilan carburant
Le cofarming
Pour limiter les coûts liés à l’achat de GNR des solutions existent comme les achats groupés qui se développent de plus en plus. C’est notamment le cas d’exploitants qui optent pour le cofarming et de nombreuses CUMA qui privilégient ce mode de fonctionnement. Les CUMA ne se limitent plus simplement à l’achat de matériel en commun comme les tracteurs ou d’autres outils. En effet, à l’aide de leurs adhérents ces dernières achètent de grosses quantités de carburants pour réaliser des économies. Ces économies de quelques centimes par litre finissent par représenter un montant significatif sur de grosses quantités. Seulement, ce procédé implique d’être équipé de grandes cuves permettant le stockage réglementé des carburants ainsi qu’une utilisation rapide puisque la conservation optimale ne peut excéder 6 mois.
Des gestes simples
Au quotidien des gestes simples permettent de réduire sa consommation et donc d’alléger sa facture comme :
- Opter pour une conduite économique (vitesse de travail, régime moteur …)
- Veiller à ce que les pneumatiques soient suffisamment gonflés ou en bon état
- Respecter les charges maximales
- Optimiser les déplacements
- Adapter le choix d’outil à la puissance de la machine
- Favoriser l’utilisation de la prise de force des tracteurs en mode économique pour travailler à un régime moteur inférieur moins gourmand en carburant lorsque les outils ne requièrent pas la pleine puissance du moteur
- Entretenir son matériel, une mauvaise combustion, une mauvaise alimentation ou une pompe à injection mal réglée peuvent entrainer une surconsommation
L’Europe vient en aide aux agriculteurs

Ce 17 mai 2022, L’Europe a validé une aide à hauteur de 152,5 millions d’euros destinée à soutenir les entreprises françaises du secteur de l’agriculture, de la forêt et de l’aquaculture impactés par la guerre en Ukraine. Cette aide sous forme de prise en charge des cotisations sociales d’un montant maximal de 5 000 € doit permettre d’alléger le poids de certains postes de dépenses comme les engrais, le gaz, l’électricité, l’alimentation animale ou le GRN qui ont atteint leur plus haut niveau depuis le conflit.
Cette mesure, largement saluée par la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), doit permettre de limiter les effets de la hausse des prix que subissent de plein fouet les agriculteurs.