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« Booster l’écosystème » Interview de Thomas Voisin


Lors du SIMA Stéphanie Bot de Circuit Culture a interviewé Thomas Voisin sur sa vision de l’Agritech en France et l’ambition de SMAG.

« Depuis le 1er juin 2022, Thomas Voisin est le nouveau directeur de Smag.
II a accéléré la mise en place de l’écosystème de Smag, afin d’apporter davantage de valeur ajoutée aux agriculteurs. Son autre ambition est de se développer à l’international.

Vous êtes à la tête de Smag depuis juin dernier. Quel chantier avez-vous mené en priorité?
Thomas Voisin :
Smag est un acteur établi de l’AgriTech, qui compte 400clients/distributeurs, 35000 utilisateurs et 10 millions d’hectares gérés au travers de nos plateformes. II faut désormais penser « éco système ». La technologie le permet afin de communiquer entre les solutions. Les clients veulent davantage que la traçabilité: décarboner leurs productions, réduire leurs intrants, diminuer leur fertilisation… Smag souhaite apporter des solutions aux agriculteurs pour faciliter la gestion de leur exploitation et le pilotage de précision en y greffant des services complémentaires développés par Bioline, comme Carbon Extract, Be Api et d’autres partenaires.
Depuis un an, Smag a déployé une stratégie d’« APIsation » de ses solutions, permettant les échanges fluides avec tout cet écosystème de partenaires internes et externes. Le rythme de nouveaux partenaires intégrant notre offre de solutions est soutenu avec l’ambition de bien les choisir. Par le biais de nos 400 distributeurs, nous savons ce que les agriculteurs et les techniciens recherchent. Actuellement, deux nouvelles entreprises rejoignent cet écosystème tous les mois sur des thématiques d’acquisition de données simplifiées et fiables afin d’éviter la double saisie, ou pour apporter des services à valeur ajoutée pour le pilotage agronomique (outils de suivi de maladie, de fertilisation, de télédétection, d’agriculture de précision, de communication et d’échange). Smag a créé un poste de responsable partenariat depuis le printemps 2022, occupé par Nicolas Bastien. Nous sommes un tiers de confiance qui se construit dans le temps.

Une croissance rapide d'un écosystème de partenaires

Pourquoi cet écosystème est-il important pour l’agriculteur?
T. V. :
L’objectif de cet écosystème est d’éviter la re-saisie des données. Ainsi, les acteurs peuvent se concentrer sur la valeur ajoutée pour mieux accompagner les agriculteurs, plutôt que sur la saisie. Ce travail de l’écosystème avait déjà été entamé avant mon arrivée en juin dernier. Je participe à accélérer son développement. L’écosystème se travaille, s’explique.
Auparavant, tout le monde fantasmait sur la donnée ; c’était vu comme l’eldorado. On parlait même du fait que l’agriculteur serait un producteur de données. Mais elles n’ont de la valeur que si l’agriculteur les utilise dans un scénario qu’il a choisi.

Comment Smag imagine-t-il son avenir?
T. V. :
Smag accélère des cas d’usage avec ses outils en intégrant du prédictif. Par exemple, nous avons développé une nouvelle fonctionnalité dans nos outils, « le prévisionnel d’assolement », qui est déployée depuis décembre. Elle a été mise en place suite à des demandes de nos clients afin de gagner du temps.
Smag se positionne fortement sur les thématiques autour des filières de production (qualité) et du carbone. Smag se développe également à l’international depuis 18 mois. Actuellement, ses solutions sont commercialisées dans 25 pays. Depuis un an, Smag travaille avec Arvesta afin de déployer nos solutions au Benelux. La part de l’international reste aujourd’hui inférieure à 15 % du chiffre d’affaires global de Smag, mais l’ambition est d’accélérer fortement, avec les mêmes clés de succès que celles identifiées en France, en travaillant avec des partenaires locaux pour adapter l’écosystème aux besoins locaux.

Après cinq ans passés au Brésil, quel est votre regard sur l’Agtech française?
T. V. :
À mon retour en France, j’ai constaté une explosion des startup de l’Agtech. Mais il y a cinq ans, elles étaient illisibles, car elles faisaient tout. Aujourd’hui, leur positionnement est plus lisible: elles interviennent sur un périmètre. Leurs business model s’accélèrent. Même Smag, à l’époque, commercialisait des stations météo. Les start-up doivent être lisibles sur la valeur ajoutée pour l’agriculteur et ne pas promettre de gains hypothétiques, comme le rendement. Elles doivent mettre en avant, par exemple, ce qu’elles apportent vis à-vis de la réglementation et de la PAC, ou sur le sujet carbone.

L’innovation pourrait-elle aller jusqu’au déploiement du métavers dans l’agriculture?
T. V. :
Selon moi, c’est trop tôt. Quand on voit les licenciements au sein de Facebook suite au métavers qui ne prend pas, il faut s’interroger. D’ailleurs, certaines marques de luxe ont freiné leur engagement dans le métavers. Nous sommes encore à l’ère de travailler ensemble, de créer des communautés avec les agriculteurs. Nous ne remplacerons pas le physique par le digital. II faut être en veille, mais garder les pieds dans la terre. »

Publié dans circuit culture, édition de Décembre 2022 – Janvier 2023.